jeudi 23 février 2012

L’auberge argentine

Lui, il est italien, environ 25 ans. Il est parti pour 2 ans, rien de moins. Il se lève tôt et se fait un gros déjeuner, plein de l’expérience qu’il faut partir du bon pied pour voir le monde, jour après jour. Il a traversé la distance entre Rome et Singapour par voie terrestre en 7 mois, coup de coeur à la Birmanie, puis un «pit stop» de 9 mois en Nouvelle-Zélande pour travailler et se refaire un magot, puis un autre 7 mois, en cours, en Amérique du Sud. Bouvier aurait de quoi être content. En plus, le mec est sympa comme tout, apprend les langues sur son passage, et irradie une paix singulière.


Eux sont américains. Ils sont partis depuis quelques mois et ne savent pas quand ils retourneront à la maison. Ils économisent chaque sous, connaissent tous les trucs. L’objectif: tenir le plus longtemps possible, étirer l’élastique de la longue dérive sans jamais qu’il ne casse. Ce qui est beau, c’est que la fraîcheur de leur rire est aussi forte que leur réticence à dépenser.


Cet autre est français. Pendant trois jours il nous a côtoyé dans la discrétion, sans rien dire, jusqu’à ce que Marie-Claude le cuisine serré pour découvrir qu’il partage notre langue. Doux, patient, d’une non-agressivité totale, il possède un humour vif, une connaissance politique internationale surprenante, et une barbe longue et broussailleuse.


Maintenant, une question pour le lecteur: que partagent, d’après lui, toutes ces personnes qui croisent notre chemin au petit bonheur, épiçant le détour de notre parcours de leur poésie personnelle?


Ont-ils tous lu les Frères Karamazov?


Partagent-ils une même classe socio-économique?


Sont-ils tous végétaliens?


Je vous le donne dans le mille: ils sont tous, de près ou de loin, des agriculteurs. À la maison, dans leurs voyages, en woofing, comme travail, de famille, etc. Ils ont tous passé des heures, jours et mois, à travailler la terre de leurs mains.


Food for thoughts.




3 commentaires:

  1. Je pense quand même qu'ils ont aussi tous lu les Frères Karamazov. Le voyage à long terme offre ces rares opportunités de savourer de la littérature russe du XIXe siècle sans les distractions du monde moderne...

    Ce sera un plaisir de vous suivre !

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  2. J'avoue que j'ai jadis tenté de le faire en laissant traîner le dit roman pas loin de la bécosse, mais ce fut un échec monumental. Comme quoi Simon semble encore une fois avoir raison... à moins que ce soit plutôt que Dostoïevski n'aime pas le papier Q.

    Bon voyage!

    Michel

    P.S.: Et puis, airbnb?

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  3. Savoir travailler la terre, c'est s'assurer de toujours pouvoir manger!
    Si vous avez l'occasion, Salta c'est très agréable aussi comme petite ville. Et il y a de magnifiques balades à faire entre Mendoza et Bariloche (incluant des routes de vin à vélo...).

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